Vue sur les grands esprits [ pv Willow ]

Vue sur les grands esprits

La louve crème leva son regard vers l'immense pic de roches noires, se dressant face au ciel comme quelque croc menaçant, puis reprit son chemin avec résignation. Partie à la recherche de remèdes comme si souvent ces derniers temps, Willow avait espérée en s'aventurant à nouveau sur les terres libres trouver quelques plantes qui auraient échappées à l'hiver et au gel; et si le destin l'avait rendue chanceuse durant sa dernière excursion vers le chemin brillant des hommes - celui-là même où elle avait échappée à une lynx avec l'aide de Lenno, et trouvé des remèdes pour sa meute, voici qu'aujourd'hui elle se retrouvait fatiguée et bredouille, bien loin de son territoire...

Alors, plutôt que de se laisser abattre par les événements, la guérisseuse nashoba faisait comme elle le faisait toujours. Improviser, s'adapter, dominer la situation... Comme le pic abandonné des hommes dominait la forêt. Les légendes qui entouraient l'endroit le rendait sinistre et empli de fantômes du passé, et bien que respectueuse de la Nature et de ses mystères, Willow peinait à croire en cette idée. Peut-être cette nuit changerait-elle sa vision des choses... La louve crème fut parcourue d'un frisson et mis cela sur le compte de la nuit qui tombait. Elle parviendrait sans aucun doute à trouver refuge à l'intérieur.

La nuit était presque entièrement tombée quand elle arriva devant l'obscure gueule béante taillée dans la pierre, soufflant sur son pelage son haleine humide et froide, emplie de relents de mal, d'homme et de pierre. Partout où Willow posait son regard, elle ne distinguait que les vestiges d'un autre temps et d'une autre espèce, ayant profanés la Nature-même avant de la laisser, entrailles à l'air, pour s'en aller courir d'autres terres. Couvertes de neige, d'étranges boites gisaient abandonnées, certaines allongées sur le flanc, d'autres couvertes d'une couche dure et rousse, à l'odeur presque sanglante. Des monticules de terre et roches parsemaient le devant de l'endroit où la nature souillée ne poussait plus. Les restes de bois qui entouraient le trou dans la terre semblaient prêts à se désagréger au moindre frottement, et pourtant servaient d'ultimes preuves que l'humain, face à la nature, tenait bon. Toute la petite clairière était plongée dans un silence profond et dans une obscurité naissante, et pendant un instant la guérisseuse cru avoir pénétré le territoire de quelque monstre du passé.

Quant à l'obscurité qui s'ouvrait devant elle, Willow en distinguait à peine les profondeurs. Des bruits d'eau ruisselantes et de pierres roulants négligemment au fond de ce gosier de roche résonnaient en produisant un écho, mais c'était bien les seuls bruits qui en émanaient... Se croyant seule, la nashoba crème s'autorisa une hésitation devant ces ruines, comme si tout son être lui ordonnait de fuir, d'une peur viscérale et ancienne qu'elle ne parvenait à décrire. Et alors que son esprit si pragmatique et si net semblait reculer devant une peur primale, une nouvelle odeur fit son apparition et changea drastiquement la situation. Willow s'accrocha à cette preuve tangible de vie et se ressaisit, faisant volte face en reconnaissant le fumet d'un adahy. Émanant d'entre les tas de pierres abandonnés devant la mine, elle entendit s'élever une voix. Hypnotisée par le pic, elle semblait avoir oublié que, elle, elle ne disparaissait pas...

- Je ne suis pas encore aveugle ni démuni d'odorat pour ne pas sentir votre présence.

Alors Willow, ne sachant encore de qui il s'agissait, se redressa de toute la dignité que lui octroyait son rang; et se tenant droite, fière, et sans agressivité apparente si ce n'était une méfiance acceptable pour cette situation, prit également la parole d'une voix calme et posée.

- Alors je ne me cacherai pas. La nuit m'a surprise loin de mon territoire et je suis à la recherche d'un refuge pour passer celle-ci; et non d'un combat.

Il était inutile d'ajouter qu'elle serait bien incapable de le mener s'il avait lieu, ce combat... Ayant ainsi annoncée ses intentions, la louve crème attendait de voir à qui elle avait affaire... Et si les tensions entre les deux meutes survivraient jusqu'en ces lieux.

Halloween

Vue sur les grands esprits

Le adahy fit son apparition entre les empilements de roches et de terre sale, et Willow sentit son sang qui ne faisait qu'un tour alors qu'elle reconnaissait l'animal qui lui faisait face.
C'était l'alpha adverse. C'était Mankato.

- Il n'y aura pas de combat si vous ne cherchez pas de conflit. La lune est bien trop lumineuse aujourd'hui pour qu'elle éclaire un bain de sang.

La surprise passée, la guérisseuse nashoba était bien loin de se laisser intimider par le mâle gris qui se trouvait devant elle. Elle avait l'habitude de s'adresser aux alphas et gradés comme à n'importe quel autre membre de la meute, car la maladie et les blessures les rendaient tous égaux à ses yeux. Sans changer d'attitude ni d'expression, Willow hocha imperceptiblement la tête. Bien, apparemment, elle n'aurait pas à combattre ce soir...

- Je suis Mankato, je suppose que mon nom ne vous est pas inconnu. Quel est le votre, louve Nashoba ?

Elle ne l'avait pas recroisé depuis la dernière bataille qui avait opposée les deux meutes, mais Mankato ne lui semblait pas différent de tel qu'elle l'avait autrefois connu - de loin, cela va de soit - et de ce qu'on comptait de lui.
Arrogant.

- Ni votre nom, ni votre apparence. Nous avons été de la même meute, autrefois.

Et quant bien même l'alpha adahy l'eut oublié, l'inverse n'était pas vrai : ayant travaillée sa mémoire pour l'adapter à cette fonction qu'elle s'était décidée à suivre, Willow n'oubliait que peu de chose... Pour le meilleur comme pour le pire, d'ailleurs. Le fixant toujours, oeil vert d'eau contre ciel de nuit, la guérisseuse reprit la parole.

- Mon nom est Willow.

Il y eu un bruit au fond de la mine, comme des pierres roulants lentement vers de plus profondes entrailles, et que l'écho porta jusqu'aux oreilles des deux loups... Puis le silence retomba à nouveau, recouvrant les acteurs tendus de cette scène qui était en train de se jouer; Willow se refusait à relâcher sa garde pour le moment...

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